Peut-on déduire que la brève incursion, le jeudi 26 octobre, de l’armée israélienne à Gaza constitue le préambule à une offensive terrestre ?
Nous sommes tenté de répondre par l’affirmative au vu de l’évolution de la situation sur terrain.
L’armée israélienne poursuit ses bombardements sans relâche contre la bande de Gaza. On dénombre plus de 7 000 morts selon le ministère de la Santé palestinien. Et les frappes ont été accompagnées tôt le jeudi matin 26 octobre d’une brève incursion terrestre israélienne. Une colonne de chars est entrée dans le nord de l’enclave palestinienne. « Des préparatifs à la prochaine étape de combat », dit l’armée israélienne. Et, plus tard le samedi, d’autres incursions ont été signalées.
Le mercredi soir, le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, l’a confirmé : il y aura bien une offensive terrestre à Gaza. Mais à quel moment ? Personne ne semble véritablement le savoir, rapporte le correspondant de RFI à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Derrière le discours va-t-en-guerre, il y a la réalité du terrain. L’armée israélienne a besoin de temps pour se préparer et c’est ce qu’elle fait en ce moment. Les soldats s’entraînent, il y a également des exercices d’état-major, avec une dimension géopolitique qui accompagne la dimension militaire. Le scénario du pire est évoqué, étudié. Il faut anticiper les réactions régionales, les réactions internationales à une offensive terrestre à Gaza.
En attendant, l’armée s’efforce de maintenir la pression sur le Hamas, sur Gaza et sa population. D’où les bombardements ininterrompus et cette incursion éclair de blindés qui a eu lieu le jeudi 26 octobre, avant l’aube. C’est la première fois depuis le début de la guerre qu’Israël engage ses chars à Gaza. L’objectif opérationnel est de tester les défenses du Hamas, de faire du renseignement et de la reconnaissance du terrain. Jusque-là, l’État hébreu avait tenté de mener ces opérations en envoyant des forces spéciales. Elles ont dû rapidement battre en retraite sous des tirs nourris.
Les alliés américains, maîtres du tempo
L’assaut semblait imminent dans les jours qui ont suivi le 7 octobre. Mais, si l’État hébreu n’a toujours pas lancé d’opération terrestre à Gaza, faut-il voir le résultat de dissensions internes au sein du gouvernement israélien ? Notamment entre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, ainsi qu’avec l’État-major de l’armée israélienne ? « Les relations avec le chef d’État-major ne sont pas excellentes, mais ce n’est pas ça qui peut retarder l’opération terrestre. Ce sont d’autres choses beaucoup plus importantes que les sentiments des uns envers les autres », estime Ilan Greilsammer, de l’université Bar-Ilan à Tel-Aviv, au micro de Vincent Souriau, du service international de RFI.
Le politologue voit avant tout la main des États-Unis et la crainte de mettre en danger la vie des otages détenus à Gaza. « Il est très possible, en tout cas, que les Américains, qui sont des alliés stratégiques de l’État d’Israël, aient demandé au gouvernement israélien de retarder cette opération, pour pouvoir eux-mêmes – les Américains – s’organiser et se préserver. Ils ont des bases dans toute la région, certaines ont été attaquées. Ça peut être une des grandes raisons du retard. L’autre étant qu’Israël cherche avant tout à faire libérer ses plus de 200 otages. Des négociations secrètes se poursuivent et on ne veut pas compromettre leur vie et leur libération, c’est certainement quelque chose qui joue », poursuit-il.
Encore une fois, la guerre armée s’accompagne d’une guerre de l’information. Israël a besoin de montrer qu’il maîtrise la situation. Mais les médias israéliens parlent sans cesse du rôle des États-Unis dans cette guerre. Et c’est Washington qui semble imposer le tempo. Il n’y a pas de feu vert américain pour le moment pour entrer dans Gaza.
La bande de Gaza plongée dans une crise humanitaire
Depuis l’Egypte où il a rencontré mercredi 25 octobre son homologue Abdel Fattah al-Sissi, Emmanuel Macron a détaillé plusieurs mesures prises par la France pour venir en aide aux populations de la bande de Gaza bombardées sans relâche par Israël depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre contre son territoire. Cette annonce intervient alors que depuis plusieurs jours, l’ONU ne cesse de tirer le signal d’alarme à propos des conditions de vie désastreuses des 2,4 millions de Palestiniens encore bloqués dans l’enclave, rappelle Rachel Saadoddine, du service international de RFI.
Du côté de l’ONU, une résolution a finalement été adoptée, exigeant une trêve humanitaire à Gaza.
Cependant, cette Résolution a été rejetée par l’Israël, qui l’a qualifiée d’infamie.
La Rédaction 7 avec RFI
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