Climat : Décryptage de la COP29 et ses enjeux
Qu’est-ce que la COP29 ?
La Conférence des parties (COP) est l’organe décisionnel de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de 1992, entrée en vigueur en 1994. La 29e édition de la Conférence des Parties se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan.
Depuis 1994, la COP constitue la plus grande et la plus importante conférence sur le climat. Plus de 70 000 délégués se sont ainsi rendus à la COP28 de 2023 à Dubaï. Les 197 États membres (ou « parties ») de la CCNUCC représentent la quasi-totalité des pays du monde.
L’ONU et le Secrétaire général sont des rassembleurs et des bâtisseurs de ponts, qui amènent tous les pays à la table des négociations. La crise climatique dépassant le cadre des frontières, une coopération internationale sans précédent est nécessaire. L’ONU s’attache à instaurer la confiance, à renforcer la coopération multilatérale et à redynamiser l’action pour tenir les promesses faites en 2015 dans l’Accord de Paris sur le climat (COP21).
Un contexte d’urgence climatique
Il est dans l’intérêt de chaque pays d’agir contre la crise climatique. Les dommages climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes s’accélèrent et s’intensifient dans le monde entier, et aucun pays n’est épargné. Il est impératif que chaque pays agisse. Les inondations record en Espagne, les violentes tempêtes en Floride et en Caroline du Nord et les incendies de forêt en Amérique du Sud dévastent des vies et des moyens de subsistance. Face aux dégâts sans précédent causés par l’urgence climatique, le coût de l’inaction n’a jamais été aussi clair.
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère atteignent des niveaux record et les émissions continuent d’augmenter. La fenêtre d’opportunité pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius et éviter l’aggravation des impacts climatiques est presque fermée. Les retards et la désinformation nous mettent tous en danger. Il est temps de prendre des mesures collectives urgentes, sous l’égide du G20 et des plus grands émetteurs, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète.
Qui décide du lieu où se tiendra une COP ?
Le pays hôte de la COP est généralement choisi par rotation parmi les cinq groupes régionaux des Nations Unies : Afrique, Asie-Pacifique, Europe orientale, Amérique latine et Caraïbes, Europe occidentale et autres États. Les membres du groupe régional tiennent des consultations pour déterminer quel pays de leur région est susceptible de soumettre une offre au secretariat de la CCNUCC pour accueillir une conférence.
Quelles différences avec les éditions précédentes ?
L’édition de 2023 marquait la conclusion du premier « bilan mondial » des efforts déployés par le monde pour lutter contre le changement climatique dans le cadre de l’Accord de Paris.
Lors de la COP28, le premier « bilan mondial » a souligné l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43 % d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5°C, tout en soulignant que les efforts actuels sont insuffisants. Ce bilan encourage les parties à intensifier leurs actions, notamment en triplant les capacités d’énergies renouvelables, en réduisant la dépendance au charbon et en fixant des objectifs ambitieux de réduction d’émissions pour 2025.
Pour 2024-25, les priorités de la COP 29 incluent l’établissement d’un nouvel objectif de financement pour l’action climatique et le soutien aux pays pour renforcer leurs efforts climatiques. La réduction des émissions de gaz à effet de serre et le développement de communautés résilientes sont également à l’ordre du jour.
Autre point central : la mise à jour des contributions déterminées au niveau national (CDN) pour garantir qu’elles couvrent l’ensemble de l’économie et favorisent une transition vers la sortie des combustibles fossiles. L’objectif final, encore une fois, est de maintenir le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, conformément à l’Accord de Paris de 2015.
La transition vers les énergies propres paraît inéluctable, elle s’accélère et rapporte déjà d’énormes dividendes à ceux qui agissent les premiers et le plus rapidement, notamment en créant des emplois et en stimulant les économies. Les énergies renouvelables entrent dans le système énergétique à un rythme sans précédent, et l’électricité produite par les nouvelles énergies éolienne et solaire est désormais moins chère, dans la plupart des endroits, que l’électricité produite à partir de combustibles fossiles. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Un avenir alimenté par les énergies renouvelables est désormais inévitable. Ceux qui prennent des mesures décisives et investissent aujourd’hui dans les technologies propres récolteront les plus grands bénéfices dans les années à venir.
Quels sont les grands thèmes ?
- Les plans nationaux d’action climatique (CDN)
La prochaine série de contributions déterminées au niveau national (CDN)
- Les plans nationaux d’action sur le climat que chaque pays doit soumettre au début de 2025, avant la COP30 ;
- déterminera les émissions de gaz à effet de serre pour les années à venir. Elles doivent s’aligner sur la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
L’élaboration de ces nouveaux CDN peut fournir le cadre d’orientation et la clarté nécessaires pour inciter les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux à prendre des mesures immédiates pour décarboniser leurs économies, réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer la résilience aux effets du climat.
Ces plans doivent également détailler les priorités en matière d’adaptation, les investissements et les autres moyens de mise en œuvre (y compris les technologies) nécessaires pour renforcer la résilience, protéger les secteurs critiques, les infrastructures et les populations des effets du climat, et soutenir les processus de planification nationale de l’adaptation et s’aligner sur eux.
La date limite pour les Contributions déterminées au niveau national est fixée à février 2025, et les rapports biannuels de transparence au 31 décembre 2024. Mais les pays ont été encouragés à soumettre leurs plans, y compris leurs plans nationaux d’adaptation, avant la COP, afin de « créer une dynamique à suivre ».
- Adaptation
L’adaptation reste un thème central pour la COP29 en Azerbaïdjan. Les plans nationaux d’adaptation (PNA) doivent être conçus de manière à attirer les financements d’un large éventail de donateurs et d’investisseurs – publics et privés, y compris les sources philanthropiques.
L’adaptation au changement climatique protège les populations de la hausse des températures, de la montée des eaux, des tempêtes plus violentes, des précipitations imprévisibles et d’autres effets du climat. Lorsqu’elle est planifiée et mise en œuvre correctement, avec des approches tenant compte des risques et soutenue par un financement adéquat, l’adaptation sauve des vies et des moyens de subsistance.
Il est extrêmement urgent de renforcer la résilience dans tous les secteurs afin de protéger les sociétés et les économies et de réduire les effets négatifs du changement climatique sur la santé, la capacité à cultiver des aliments, le logement, la sécurité et le travail, entre autres.
- La finance climatique
La finance climatique représente un thème central des COP. Durant la COP29, les pays devraient convenir d’un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) en matière de financement, qui succédera à l’objectif de financement de la lutte contre le changement climatique par les pays développés pour les pays en développement de 100 milliards de dollars par an, fixé en 2009 à Copenhague. La COP a besoin d’un résultat qui renforce la confiance, catalyse les fonds nécessaires et génère un élan pour la réforme de l’architecture financière internationale.
Les pays en développement, qui ne sont pas les principaux responsables des changements climatiques, ont en effet besoin de cet argent pour soutenir leurs efforts en matière d’atténuation, d’adaptation et de pertes et dommages. Il est donc essentiel de continuer à déployer de sérieux efforts pour réformer l’architecture financière – tant internationale que nationale – afin de garantir que les pays émergents et en développement puissent accéder équitablement au financement et à la technologie nécessaires.
Les efforts en cours pour établir une convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale doivent être soutenus afin de faciliter la mobilisation des ressources nationales.
Qu’en est-il du Fonds de réponse aux pertes et préjudices ?
Le réchauffement climatique a déjà causé des pertes et dommages aussi dangereux qu’ étendus, qui vont en augmentant.
Les parties doivent poursuivre sur la lancée de la COP28 afin d’assurer l’opérationnalisation rapide du nouveau Fonds de réponse aux pertes et préjudices et obtenir des contributions supplémentaires de diverses sources pour veiller à ce que les nations les plus vulnérables bénéficient d’une assistance financière.
Les pertes et préjudices sont inégalement répartis entre les systèmes, les régions et les secteurs et fortement concentrés parmi les populations vulnérables les plus pauvres. Leur accès au Fonds devrait être prioritaire par souci de solidarité internationale et de justice climatique.
Les enjeux de la COP 29 et un accord à minima sur la finance climatique
La COP29, la 29e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a été surnommée « la COP du financement climatique » car les parties sont censées établir un nouvel objectif mondial de financement climatique.
Cet objectif, ou nouvel objectif collectif quantifié, est considéré comme l’un des principaux résultats du sommet. Il remplacera l’objectif actuel de 100 milliards de dollars qui doit expirer en 2025.
Les experts du climat ont fixé le nouvel objectif de financement annuel entre 1.000 et 1.300 milliards de dollars, ce qui aiderait les nations vulnérables à faire face aux pertes et dommages causés par le changement climatique et à s’adapter à ce changement, notamment en construisant leurs propres systèmes d’énergie propre.
Les participants ont peiné à trouver un accord sur la hauteur des contributions des pays riches en faveur des pays en développement. Plusieurs propositions ont été rejetées. Jusque vendredi 22 novembre, date prévue pour la clôture du sommet, aucun accord n’avait été conclu. La dernière proposition du Brésil de 250 milliards par an a aussi été rejetée, car jugée insuffisante par les pays bénéficiaires.
Après deux nuits de prolongation de la COP29, un accord final a été trouvé par les États réunis à Bakou. Les pays riches s’engagent à fournir 300 milliards de dollars par an d’aide climatique aux pays en développement d’ici à 2035. Le texte, âprement discuté, laisse un goût amer à de nombreux participants.
Comme le voit, c’est contre toute attente, que cet accord inattendu et à minima de 300 milliards de dollars a finalement été conclu, très loin de 1300 milliards proposés par les experts du climat. Plusieurs participants l’ont qualifié de décevant et de moins ambitieux. L’on peut ainsi dire que la COP 29 a accouché d’une petite souris. C’est vraiment dommage !
La Rédaction 7
Source : Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)